Depuis plusieurs années, le virus H5N1 de la grippe aviaire circule à travers le monde. Cependant, son évolution récente sur le continent américain suscite une inquiétude croissante. La contamination de nouveaux mammifères, les mutations du virus et le manque de réactivité des autorités posent de graves questions sur le risque d’une future pandémie.
Les mammifères plus exposés
Pour la première fois, la grippe aviaire a infecté des vaches laitières aux États-Unis. Cette situation inédite a poussé la Californie à déclarer l’état d’urgence, face à une propagation rapide dans plus de 840 troupeaux. Selon Antoine Flahault, épidémiologiste, la proximité de ces élevages avec les humains accentue le risque de transmission à l’homme. En outre, près de 30 espèces de mammifères, comme les visons ou les lions de mer, ont également été touchées.
Une mutation alarmante
En octobre 2024, une mutation facilitant la réplication virale chez les mammifères a été détectée dans un virus transmis par un troupeau bovin infecté. Cette évolution génétique renforce la possibilité d’une adaptation du virus H5N1 à l’humain, augmentant ainsi le risque d’épidémie.
Une gestion défaillante aux États-Unis
Malgré ces signaux d’alerte, les autorités américaines ont tardé à agir. Les systèmes de surveillance dans la filière laitière ont été insuffisants, laissant le virus se propager entre les États. Le manque de tests réguliers sur les travailleurs agricoles et l’absence de partage des données génétiques ont exacerbé la situation. Ces failles pourraient avoir des répercussions sur la santé publique mondiale.
Les cas humains en augmentation
À ce jour, plus de 60 cas humains de grippe aviaire ont été recensés aux États-Unis. Bien que la transmission interhumaine n’ait pas été confirmée, les médecins s’inquiètent de la contamination récente de porcs dans un élevage. En effet, les porcs peuvent jouer un rôle de « mélangeur » entre les virus aviaires et humains, facilitant l’émergence de nouvelles souches plus dangereuses.
Une adaptation possible à l’homme
Une étude récente publiée dans Science indique qu’une seule mutation pourrait suffire pour que le virus H5N1 s’adapte à l’humain. D’autres mutations, bien que plus complexes, pourraient rendre le virus transmissible par voie respiratoire. Ces évolutions, même rares, nécessitent une vigilance accrue pour ralentir ce processus et éviter une éventuelle pandémie.
Le rôle du lait cru dans la transmission
Aux États-Unis, une étude a révélé que le virus se propage principalement dans les élevages de vaches via des machines à traire mal désinfectées. Contrairement à la contamination respiratoire habituelle, les vaches infectées souffrent principalement de mammites. En Europe, le risque lié au lait cru reste toutefois faible selon les experts.
Une vaccination en préparation
En cas d’urgence, les scientifiques disposent déjà de vaccins contre le virus H5N1 grâce à la technologie de l’ARN messager. Depuis la pandémie de Covid-19, les infrastructures sont prêtes pour une production rapide. Cependant, l’apparition d’une pandémie grippale reste imprévisible.
Conclusion
La progression du virus H5N1 et son évolution génétique rappellent la nécessité de renforcer les mesures de prévention et de surveillance. Si une pandémie n’est pas imminente, chaque signal d’alerte doit être pris au sérieux pour protéger la santé humaine et animale.